compétition, pertes des habilitations fédérales, l’aïkido et le monde du sport : un entretien avec Alain Peyrache

, par  admin

Tous ceux qui suivent l’enseignement d’Alain Peyrache savent combien il peut être économe de mots. Infatigable lorsqu’il s’agit de corriger et d’éclairer ses élèves, il ne s’épanche pas facilement lorsqu’on lui demande de s’adresser à ceux qui suivent d’autres voies. Sa parole médiatique est donc rare. Ayant eu l’occasion, depuis de nombreuses années, d’échanger avec lui autour des sujets essentiels concernant notre discipline, je l’ai sollicité pour avoir son point de vue sur les derniers événements qui ont récemment agité le petit monde de l’aïkido français. Il a accepté de me livrer son point de vue pour que je le retranscrive sous forme d’une série d’interviews que nous inaugurons ici.
Lors d’un stage à Montpellier, au printemps dernier, alors qu’Alain Peyrache, comme à son habitude, répondait aux questions des pratiquants venus recevoir son enseignement, une cadre de la FFAB est venue lui transmettre un message de Maître Tamura, qui l’invitait à le rejoindre rapidement car, c’est ce que nous avons compris, il lui manquait.
D’autres dirigeants fédéraux l’ont approché avant elle, mais ces tentatives sont restées vaines. L’attitude d’Alain Peyrache est étonnante, car elle est rare, mais sa limpidité saute aux yeux si l’on examine la cohérence de son long parcours : aucun diplôme, aucun titre, aucune gloire aucune promesse d’agape – de celles dont se nourrissent les aïkidokas à l’égo insatiable - ne l’attire. L’opportunisme, ce mal qui semble donner des ailes à la quasi-totalité des représentants connus de l’aïkido, est aux antipodes de ce en quoi il croit.

Jacques BAZIN : Alain Peyrache, nombreux sont les partenaires, les élus, les pratiquants de tous horizons, qui aimeraient en apprendre davantage sur cette histoire d’habilitation. Il est vrai que c’est une question souvent perçue comme opaque. Qu’en est-il exactement ?

Alain Peyrache : C’est opaque, effet ! Et très simple à la fois. 
En France, l’usage veut que les agréments soient délivrés aux fédérations sportives pour la durée d’une olympiade. En ce qui concerne l’aïkido, la situation est doublement ubuesque et singulière, à la fois parce que son cas est sans précédent aux yeux de Jeunesse et sport, et unique au monde. Rappelons brièvement les faits : en 1981, la FFAB et la FFAAA ont vu le jour. Pressées par les ministères successifs, elles n’ont eu de cesse que de normaliser l’aïkido, d’en faire une discipline sportive aux spécificités strictement nationales. Dans cette course à l’échalote, les rivalités ont été nombreuses, et la guerre des tranchées, stérile et vaine, en a découragé plus d’un – tuez-les tous ! O Sensei reconnaîtra les siens : tel semblait être le mot d’ordre. Le bilan de cette farce burlesque de 30 ans est sans appel : il y a un an et demi, le ministère, pourtant l’instance la moins à même de comprendre l’esprit de l’aïkido du fondateur, a fini par y voir clair et jeter l’éponge en refusant de délivrer l’habilitation à l’UFA, instance chapeautant les deux fédérations antagonistes.
Triste bilan, pitoyable spectacle livré devant tous par des individus se prétendant des aïkidokas, des descendants du fondateur qui, sous prétexte de spécificité française, se sont acharnés à coller aux usages issus du monde sportif – reniant sans vergogne l’esprit et la lettre de l’enseignement d’O Sensei. La leçon est sévère mais implacable : elle donne à voir quelque chose de la misère humaine.

JB : Certes ! Et devant ce constat amer, on peut se poser la question de l’utilité de l’habilitation…

AP : Là aussi, c’est simple et opaque à la fois : le ministère de la Jeunesse et des Sports gère des organismes sportifs. Lorsqu’une fédération représente la France dans des manifestations sportives, elle bénéficie d’un agrément ou d’une habilitation. Comme vous l’avez constaté avec le football dernièrement. Il n’y a qu’une fédération de football, normal puisqu’il s’agit d’un sport. La reconduction de l’habilitation est automatique pour chaque olympiade c’est-à-dire tous les quatre ans.
L’aïkido est un art, pas un sport, il est donc dans son essence même d’être multiple. Si le ministère accorde un agrément, il le fait pour quatre ans. Il peut au bout de ce temps ne pas reconduire l’agrément ou le donner à une autre fédération qui trouve davantage grâce à ses yeux.
Le système fédéral ne pourra de toute façon jamais fonctionner correctement, même pour les sportifs. Pour être à la tête, il faut prouver ses qualités d’amateurs. Vous n’êtes censé percevoir aucun revenu de l’activité que vous gérez, ça, c’est la théorie. On voit bien que ce n’est pas le cas. Ce n’est pas davantage le cas du caractère prétendument démocratique de ces structures.
Ces amateurs, menuisiers pendant la semaine, présidents sportifs le dimanche, gèrent des professionnels. Qui peut penser que l’industrie française pourrait fonctionner normalement si le ministère de l’Industrie était géré par les bricoleurs du dimanche ?
Évidemment la fédération en place utilisera son pouvoir pendant quatre ans pour éviter que cela puisse arriver, d’où les guerres de religion en aïkido. Encore un bel exemple de démocratie. Par analogie, en observant les fédérations sportives uniques, les élus pensent que s’il n’y a qu’une fédération d’aïkido, celle-ci aura raison avec le temps de tous les marginaux qui vont disparaître.
Si on raisonne au niveau politique, la droite, lorsqu’elle détient le pouvoir, cherche à le conserver rester. Elle utilise les moyens qui sont à sa disposition pour cela : redécoupage électoral, utilisation des leviers du pouvoir pour laminer la gauche, etc. En revanche, aucun élu ne pense qu’il n’y a qu’un parti, celui de droite...
Cette évidence n’en est pas une dans le cas des fédérations sportives. Les fédérations pervertissent les activités qu’elles prétendent développer, assainir, promouvoir. La plupart sont dans des situations semblables : il suffit de regarder l’aïkido où les mêmes hiérarques dirigent depuis 50 ans, comme la fédération de football ou les dinosaures se relayent aux postes de commande et veillent à l’étanchéité du système décisionnel. Aucune intrusion extérieure n’est supportable : seule la mort les fait disparaître.


JB : existe-t-il d’autres exemples qui abondent dans le même sens ?

AP : Ils sont légion. Prenez par exemple le diplôme d’État d’aïkido. J’ai déjà eu l’occasion d’en expliquer les principes un nombre incalculable de fois devant un public systématiquement éberlué. Regardez son contenu : sur une dizaine de pages de descriptifs, l’aïkido tient sur deux lignes ! Il représente l’autorisation légale de gagner de l’argent avec l’aïkido, mais seuls les ignorants croient qu’il valide une quelconque compétence. En bref, on retrouve une situation équivalente à celle du football : des amateurs gèrent des professionnels qui, quant à eux, n’ont de cesse que de corrompre le système fédéral pour développer leurs petites affaires. Comme professionnels, ils ne peuvent influencer le système qu’indirectement, par des voies transversales. Les amateurs aux ambitions fédérales ont besoin du soutien des élèves des professionnels et de l’estime de ces derniers pour obtenir le poste convoité, l’objet de leur ambition. L’aïkido est-il pour eux autre chose que le moyen de satisfaire leur carrière fédérale, de politiciens, d’administratifs à la petite semaine ?
Donc un système opaque d’opportunisme, de corruption qui ne permettra à aucun moment de développer un aïkido de qualité, chacun étant uniquement préoccupé par sa carrière et ses intérêts. Si l’on rajoute que ce système est à l’opposé du fonctionnement de l’aïkido, comment voulez-vous raisonnablement faire de l’aïkido ? Aucun paysan ne fait pousser des carottes sur du béton...

JB : Étonnant, pour une structure démocratique dont les responsables sont censés connaître un renouvellement régulier...

AP : On croirait même parfois être dans la plus pure tradition du KGB. Pour des dirigeants qui se vantent d’être des démocrates et agir pour le bien de tous - c’est même leur fonds de commerce argumentatif – c’est en effet pour le moins paradoxal.
Pour en revenir à la question précise de l’habilitation, il faut repréciser quelle est sa fonction : c’est très simple, elle leur permet d’essayer d’asseoir un monopole. Il n’y a pas d’autre intérêt : s’appuyer sur la caution étatique pour faire disparaître toute concurrence, et confisquer la démocratie. On a vu récemment la situation de la fédération de football, dans laquelle même l’État ne peut intervenir, où les Tartuffes du comité fédéral se repassent les différents postes pour maintenir une illusion de démocratie. Aujourd’hui, tout le monde s’accorde pour dire que c’est intenable.
Au niveau des élus locaux, les adjoints aux sports, qui sont la plupart du temps incompétents et ignorants, l’oreille est attentive et zélée. Persuadés que le ministère de la Jeunesse et des Sports est une caution, une garantie, ils suivent aveuglément leurs directives, quand ils ne les précèdent pas. Ils ignorent, ou n’ont pas envie de savoir, que Jeunesse et Sport est régulièrement condamnée pour abus de pouvoir. Ils confondent allègrement diplôme d’État et compétence : le diplôme d’État de professeur d’aïkido est l’autorisation légale de gagner de l’argent avec l’aïkido. Cela ne veut pas dire que vous êtes compétent en aïkido regarder le document joint à cet article qui donne des diplômes d’État à des gens qui n’ont jamais pratiqué l’aïkido, voire qui comme l’aikibudo, le critiquent.
Ces chers élus ignorent que les amateurs non diplômés d’État ont priorité dans les structures d’État sur les professionnels. On observe aussi sur le terrain les professeurs de judo, pratiquement tous professionnels ou semi-professionnels, qui s’accaparent des salles municipales gratuites avec la bénédiction des élus locaux, ce que la Cour des comptes pourrait appeler "détournement de fonds publics au profit d’intérêts privés". Tous les élus ne rivalisent pas d’incompétence, bien sûr. Il s’agit la plupart du temps de l’expression d’une paresse. En général, ils ne tiennent pas particulièrement à développer un sport ou une pratique sportive de qualité, ils préfèrent simplement éviter les questions complexes. En général, ils conseillent aux jeunes dojos d’aïkido de se mettre sous la coupe d’un club de judo en place, d’une amicale laïque, d’une MJC ou d’autres structures de ce genre. Pour un élu, moins il y a d’interlocuteurs, moins cela représente de travail ! Ils demandent donc à des associations locales qu’ils mettent en situation de monopole d’assumer leur travail. Celles-ci profitent évidemment de leur position de monopole pour mettre tous les bâtons possibles dans les roues des nouveaux arrivants. Charité bien ordonnée commence toujours par soi-même


JB : Les élus s’intéressent aussi souvent aux associations qui sont aptes à leur rapporter des médailles, non ?

AP : Tout à fait. Mais, dans l’esprit comme dans la lettre, le monde du sport est radicalement opposé à la discipline aïkido. De célèbres pratiquants ont pourtant été radiés à vie, par le fondateur lui-même, et sans la moindre hésitation, pour avoir tenté d’organiser des compétitions en aïkido… Devinez qui, par exemple ? Voir le document ci-dessous...

Exclusion Aïkikaï

Et qui, aujourd’hui, organise des compétitions mondiales d’aïkido ? Qu’en déduisez-vous ?

L’habilitation est par nature destinée aux fédérations sportives qui représentent la France dans les compétitions nationales et internationales. La course à l’agrément a donc toujours été la volonté affichée de créer de toutes pièces un aïkido sportif. Les tentatives dans ce sens ont été nombreuses : les historiographes seront sans doute curieux d’apprendre que dans les années 70, Maître Tamura, sous l’impulsion souterraine et influente de MM. Guy Bonnefond et Pierre Chassang, parcourait la France lors des stages de l’UNA pour tenter de convaincre les pratiquants d’instaurer des compétitions d’aïkido. Comme pour Noquet, aucun de ses élèves ne suivra le mouvement. Aucun pratiquant d’aïkido n’a envie de voir la compétition dévaster sa discipline. Le fondateur a été, dans sa parole, aussi précis que le tranchant d’un sabre. Mais il est intéressant d’étudier les leçons du passé : c’est un très bel exemple d’un expert qui se met au service d’une fédération d’amateurs au profit de leurs intérêts communs bien compris. D’autres aujourd’hui retombent dans les mêmes travers. Plus le temps passe, plus les aïkidokas perdent leurs repères : ils connaissent de moins en moins l’aïkido. Si ces dérives passées ont pu être jugulées par les pratiquants qui avaient encore en tête les enseignements originels et pratiquaient l’enseignement du fondateur de l’aïkido, aujourd’hui, après trente années d’impéritie et d’indigence fédérales, la masse des ignorants est prête à accepter n’importe quoi.
Les orientaux disent que c’est la faiblesse qui appelle invasion...

JB : Ce que vous dites de l’histoire de l’aïkido en éclairera plus d’un. Mais vous avez évoqué des travers contemporains sans vous étendre : qu’en est-il véritablement aujourd’hui, de cette logique compétitive ? Les leçons n’ont-elles pas été tirées du passé ?

AP : Bien sûr que non ! Dans la veine de leurs devanciers, des dirigeants de la FFAAA ont essayé, heureusement sans y parvenir (et avec quel déshonneur ils ont été bafoués !), de rallier les Japonais à leur credo de marionnettes, celui de la pensée et de la pratique uniques : les pratiquants japonais ont été effarés par ces délires nationalistes totalement étrangers à leurs principes traditionnels et à leur culture.

JB : Ce cynisme est édifiant. C’est la fameuse inconstance du budoka. La question de la normalisation à visée compétitive est-elle la seule soulevée par les tentatives de rapprochements avec les ministères ?

AP : Le lièvre que vous soulevez est très important. La question de l’agrément et de l’habilitation a en effet toujours été également plus sournoise, plus politicienne : elle a longtemps servi d’argument force pour tenter d’imposer, au niveau municipal, des « clubs agréés par l’administration nationale ». En France, le principe de dénonciation des groupes minoritaires est de fait une tradition très ancienne : combien de fois la sombre histoire du XXe siècle en a-t-elle témoigné ? Les aïkidokas, sourds à ce que leur enseigne, à défaut de l’Histoire, leur précieuse discipline lorsqu’elle est abordée sous l’angle traditionnel, ne sont pas immunisés contre ces abjections : l’aïkido, entre de bonnes mains, peut être une voie d’apprentissage sans pareille. Entre les mains d’un pratiquant à l’égobésité galopante, elle sèmera vanité, misère et bêtise sur son passage : donnez un couteau à un bon boucher, il fera des merveilles, donnez-le à un assassin, il répandra la souffrance.

JB : Quels enjeux représente la perte de l’habilitation pour tous ces sportifs de l’aïkido ?

AP : Elle représente un déficit énorme pour tous ces pratiquants qui – le savent-ils toujours ? – ne valent pas forcément grand-chose par eux-mêmes. Perdre cet artifice de pouvoir, ce bâton de maréchal en plastique, l’édifice glorieux de ces grades en carton-pâte n’ayant strictement aucune valeur en dehors du territoire national… Aucun dojo japonais, rappelons-le, ne reconnaît le moindre grade français, et surtout pas le « club » Aïkikaï so Hombu, et pour cause ! Le commerce des grades est une considérable source de revenus : les premiers prix sont autour de 100 euros… Tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute, non ? Les aïkidokas institutionnels se comporteraient-ils comme le corbeau du poète, à qui le renard astucieux faisait croire qu’il était un phénix ?

JB : Pour les pratiquants qui suivent une voie traditionnelle, étrangère à toute normalisation, toute standardisation, toute compétition, y a-t-il quelque chose à tirer de tous ces errements ?

AP : Absolument : c’est même une chance unique qui s’offre à l’ensemble des aïkidokas sincères : les pratiquants qui comptaient sur une reconnaissance officielle de leur incompétence, qui comptaient sur des fédérations fantoches, qu’ils décriaient d’ailleurs en permanence, sont en effet amenés à s’éteindre d’eux-mêmes ! C’est le constat apaisant de la mort d’une illusion, celle du conglomérat de clubs aux intérêts divergents, regroupés dans des fédérations officielles tellement improbables que même les instances ministérielles n’en veulent plus.
Une disgracieuse verrue disparaît dans l’aïkido mondial : celle de l’aïkido officiel français. C’est un vrai bonheur que de le constater. Le diagramme ci-joint prouve d’ailleurs que l’État accordait son habilitation à des aïkidokas… n’ayant jamais pratiqué l’aïkido ! Ce qui, rétrospectivement, en a fait rire plus d’un. Sinon leurs propres intérêts, leur propre autosatisfaction, que défendaient les hiérarques de l’aïkido français ? Il faudrait être aveugle pour imaginer un quelconque dévouement pour une discipline dont, à l’évidence, ils se sont au fil du temps complètement désintéressés.
Le ministère de la Jeunesse et des Sports a mis trente ans à comprendre que l’aïkido n’était pas un sport, contre les efforts de dirigeants de fédérations irresponsables qui essayaient de lui faire croire le contraire. Pour les hiérarques de l’aïkido, l’habilitation est essentiellement un moyen d’asseoir un pouvoir arbitraire, et non de garantir une pratique de qualité, en témoigne les tempêtes médiatiques qui ont déferlé au sein même des fédérations sur les seuls sujets des passages de grades, du caractère inepte et inique de leur mise en œuvre !

JB : Il s’agit donc de retrouver l’esprit des pionniers ?
AP : La plupart l’ignorent : les premières associations occidentales s’appelaient en effet « association culturelle » française ou européenne. Les pionniers se situaient ostensiblement très éloignés du monde du sport et de ses dérives.
Les dirigeants français actuels, indifférents aux intérêts de ceux qu’ils étaient censés représenter, ont essayé d’imposer leur pensée unique au plan national, puis au plan mondial : dans les deux cas, ils ont été brutalement désavoués.
Dans les temps prochains, on en verra sans doute aller frénétiquement dans le sens du vent : telle starlette médiatique filmée régulièrement au palais omnisports de Bercy laissera probablement entendre qu’elle s’est toujours opposée à l’établissement d’une pensée unique alors que tout, dans la réalité de ses actes et de ses publications depuis 20 ans, témoigne de l’inverse. Le bon sens écologique proposerait à de telles girouettes de se reconvertir en éoliennes : au moins produiraient-elles du courant.
Nous apprenons juste, par exemple, que l’une de ces vedettes, fidèle à ce qu’elle a toujours fait, vient d’accepter de participer à Pékin à une compétition de « jeux martiaux » ! (consulter pour plus de détails le document ci-dessous)

Jeux martiaux à Pékin

Le fondateur étant décédé, il ne peut exclure ceux qui dérivent de l’esprit profond de la Voie qu’il a tracée, a fortiori s’il s’agit de son petit-fils ! Combien d’entreprises fondées par des génies n’ont-elles pas vu leurs efforts ruinés par l’incompétence de leurs héritiers ?

JB : Ça laisse rêveur, effectivement… Qu’en est-il alors des efforts entrepris par les administrations de l’aïkido français ? Faut-il craindre une dérive inéluctable vers une pratique purement sportive et vidée de son sens ?

AP : Non ! Bien qu’ayant porté des coups sévères à la perception par le plus grand nombre de l’aspect traditionnel de la Voie de l’aïki, à laquelle elles sont totalement étrangères, les gesticulations des administrations de l’aïkido français sont quoi qu’il en soit vouées de toute part à l’échec : la fin du diplôme d’État, inadapté à la législation européenne, est annoncée pour 2012. Ce précieux sésame, dont nous avons maintes fois démontré l’absurdité, a été longtemps utilisé pour hypnotiser des élus municipaux loin d’être toujours au fait des réalités du terrain et qui allaient a priori dans le sens des labels officiels.
La crise aidant, il faut « dégraisser le mammouth » : les textes européens se posent contre les monopoles, et par voie de conséquence, contre l’esprit même des statuts Jeunesse et Sport. C’est heureux pour l’avenir de l’aïkido. Cette nouvelle donne, les adjoints aux sports mettront probablement quelques mois, voire quelques années avant de s’en approprier l’esprit et la lettre. Ils se feront sans doute encore manipuler un temps, mais le train en marche ne s’arrêtera plus.

JB : Merci, Alain, pour ce temps que vous avez consacré à nos lecteurs. Les éclairages que vous apportez nourriront la réflexion d’un grand nombre de pratiquants, il n’y a pas à en douter.